« Ado la B.O. » : le jour où Coolio a sauvé Esprits Rebelles

14 mars 2024 à 7h00 par Virgil Bauchaud

© Disney - Dangerous Minds / Coolio
Une dangerous affiche de film.
Crédit : © Disney - Dangerous Minds / Coolio

Chaque semaine dans « Ado la B.O. », retour sur ces films et séries qui mettent le Hip-Hop et le R’n’B à l’honneur. Aujourd’hui, on s’arrête sur l’une des histoires les plus connues du monde de la musique : celle de la conception de Gangsta’s Paradise pour Esprits Rebelles.

Et si une seule chanson suffisait à sauver tout un film ? En 1995, le film Esprits Rebelles avec Michelle Pfeiffer s’apprête à sortir. L’histoire de Louanne Johnson, une ex-Marine bien décidée à se battre pour sauver des élèves englués dans la pauvreté et complètement désintéressés par les cours. 

Dangerous Minds n’est pas encore officiellement au cinéma, les premières projections tests ne remportent pas un grand succès. Le film, même s’il n’est pas encore dans une version définitive, ne convainc pas le premier échantillon de public. Surtout, il lui manque une bande originale percutante. 

 

Gangsta’s Paradise, l’appel du grand écran

Ça tombe bien, au même moment l’un des plus grands succès planétaires est en train de se terminer : Gangsta’s Paradise de Coolio et L.V. Un morceau directement destiné à se diriger dans les salles de ciné. Le manager de Coolio, Paul Stewart, veut vendre le titre pour qu’il apparaisse sur une B.O. On parle d’abord de Bad Boys, mais aucun accord n’est trouvé… Gangsta’s Paradise trouve finalement grâce aux yeux de Disney, alors en train de produire Esprits Rebelles. 

On retrouve la chanson au tout début du long-métrage, puis un peu plus tard dans l'histoire. Paul Stewart a bien fait de creuser du côté d’Hollywood parce qu’on ne va pas se mentir, l’omniprésence de Coolio et L.V. donne un peu de relief à un film sympa, mais pas grandiose non plus.

 

Une histoire d'argent (entre autres)

Mais on brûle un peu les étapes : l’histoire de cette B.O. démarre en réalité avant l’enregistrement de Gangsta’s Paradise. Même si vous avez sûrement déjà lu l’histoire, il est important de la rappeler. On rembobine. 

1994 : Coolio débarque chez son manager pour récupérer de l'argent. Le même jour au même endroit, le producteur Doug Rasheed et L.V. sont en train de bosser sur un sample de Pastime Paradise, issu de l’album Songs In The Key Of Life de Stevie Wonder. « Pastime » devient « Gangsta’s », on modernise un peu l’instru en ajoutant des chœurs et le tour est joué ! Coolio, de passage, est alors frappé d’une intervention divine (c’est ce qu’il a dit au Rolling Stone Magazine). Le rappeur disparu en 2022 pose ses trois couplets comme ça, d’un coup.

Sauf que certaines paroles ne plaisent pas à l’interprète du titre d’origine, trop de vulgarité pour Stevie Wonder, qui ne donne pas son feu vert. Il faut donc négocier, convaincre l’artiste et changer certaines paroles… Et parce que ce serait dommage de passer à côté d’un tel succès annoncé, tout ce petit beau monde trouve un accord. Il faut le dire aussi, Stevie Wonder ne perd pas le nord et demande 95% des droits d’édition sur Gangsta’s Paradise ! Ces petites négociations ne semblent pas avoir mis de froid, puisque Coolio, L.V. et Stevie Wonder étaient montés ensemble sur la scène des Billboard Awards en 1995.

Côté récompenses d’ailleurs, Coolio est reparti avec le Grammy Award de la meilleure performance rap. Gangsta’s Paradise devient même le nom du deuxième album du rappeur, sorti quelques mois après It Takes a Thief. Gangsta’s Paradise est aussi élue meilleure vidéo rap par MTV en 96. Le clip avec des extraits du film culmine aujourd’hui à plus d’1,4 milliards de vues sur Youtube. Ou comment Coolio a permis à Esprits Rebelles de ne pas tomber aux oubliettes.

 

« Ado la B.O. » : plus de 40 épisodes à retrouver ici !